L'enjeu ?
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- Publié le dimanche 28 octobre 2018 13:51
Je voudrais revenir un instant sur ce thème qui me parait essentiel et passionnant si l’on veut se pencher sur l’avenir et la pérennité du judo. Très peu de temps après avoir arrêté la compétition, je me souviens d’avoir écrit ceci, dans mes réflexions concernant le judo en tant qu’art martial et en tant que sport: « …pour le pratiquant de Budo, la référence, l’enjeu c’est la vie ou la mort. Pour le judoka c’est la victoire ou la défaite. Dans les deux cas l’engagement peut-être total… » Voila, c’était un peu brut de forge, mais j’aime bien m’exprimer de cette façon, et ça avait jailli ainsi.
Comme on peut le vérifier aussi bien avec l’interview de Shozo Fuji qu’avec le clip video (Yoshin project publie sur mon mur FB) tout est ensuite sujet a interprétation. Ce qui ne facilite rien. Essayons de donner quelques repères. La référence a la mort dans le budo, dans le clip vidéo publie sur mon mur, et même dans l’interview de S. Fuji ne signifie pas a mon sens qu’il y ait une quelconque motivation de blesser ou de tuer. Il s’agit d’un repère historique et symbolique. Cela existe certainement aussi dans l’escrime, et s’incarne dans des postures, des attitudes, des techniques. Mais jusqu’a une époque très récente, celle du sport spectacle, du sport business en réalité, Les attitudes et les comportements que j’évoque étaient très présents dans le judo. Ils le sont toujours chez les judokas japonais. Chez nous, en Europe ils risquent fort de disparaitre. Et justement la raison de cette perte de sens… c’est que le sport en occident et sa logique (capitaliste, de spectacle récréatif) a supplanté celle du Budo. Alors, dire de manière abrupte, le judo c’est la vie ou la mort, c’est sans doute pas la meilleure explication / traduction interculturelles de ce qu’est le Budo, ni de ce qu’il veut véhiculer d’utile pour l’humanité. Mais en même temps je me souviens avec nostalgie de cette époque ou les profs, les sensei que j’ai eu la chance de croiser étant jeune, étaient porteur de cette forme d’exigence. Je ne sais même pas s’ils s’en rendaient compte. Leur attitude gênerait une sorte de tension qui stimulait la vigilance et la concentration de chaque élève pendant la séance. Il fallait être pleinement la, ici et maintenant et essayer de faire de son mieux. Avec les élèves plus avances, les ceintures noires, ça allait parfois un peu plus loin dans l’exigence et les attendus. Et au fond, je pense que c’est pour cela qu’on a fini par dire que le judo c’est plus qu’un sport. Mais j’ajoute que tout sport peut aussi être pratique comme un Budo, dans cet esprit exigent de progrès sur soi grâce aux autres. Et j’espère que je ne dirai jamais un jour, que le judo fut plus qu’un sport…